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texte 29

Libérer ou libéraliser la langue?

par Jean Pierre Ceton


Le journal Libération dans son édition du 5/10/2009 rapporte la déclaration du linguiste Jean-Pierre Jaffré « Je suis pour une une libéralisation de l'orthographe » qui rappelle le titre de mon « Libérons la langue française » paru dans Le Monde du 14/01/1998.
Ce dernier texte avait cependant un objectif plus large, puisque j'y appelais à une inventivité dans l'usage de la langue autant en orthographe que dans le champ des mots.


Le sujet est en tout cas récurrent tant les forces qui s'opposent à la moindre transformation de la langue sont fortes. Et pourtant le niveau de l'orthographe a continué de baisser et le déclassement du français à l'étranger s'est accru. Or ce serait en rendant la langue française plus logique que ces deux tendances pourraient être combattues et non en conservant les choses en l'état.

Ce linguiste préconise pour cette « libéralisation » des pistes simples comme le s au pluriel toujours, donc plus de x, la suppression de lettres qui ne se prononcent pas, le non-accord du participe passé avec avoir qui est en effet plus un piège à fautes qu'une règle positive. A quoi on pourrait ajouter le e toujours pour le féminin et le non e pour le masculin...

Mais il ne met pas en avant la nécessité logique de cette réforme alors qu'aujourd'hui il y a clairement un conflit entre les logiques contemporaines objectives -apprises en informatique par exemple- et celles de l'orthographe étymologique plutôt subjectives.

Pourquoi par exemple vouloir supprimer les accents circonflexes sur le i de paraitre ou de chaine? D'abord parce que l'écriture de cet accent sur le clavier est compliquée, ensuite et surtout parce qu'il ne se prononce plus.

En fait, l'orthographe doit remplir une fonction d'information et non assumer une fonction de continuité étymologique.
Un nouvel argument vient justement d'être lancé en faveur de cette continuité qui propose de recourir à l'usage des correcteurs orthographiques pour faire face aux anomalies sans avoir à en apprendre la raison.
Mais ce serait alors traiter le français comme une langue morte.


La perspective de réforme est hélas vécue avec déchirement par la plupart des gens, et pas seulement par ceux qu'on appelle les « puristes ». Comme s'il s'agissait d'une chose négative de plus, qui nous enlèverait encore de l'acquis. Comme si c'était un moins.
Pourtant c'est tout le contraire, il s'agit d'y insérer du plus, d'y mettre de la vie présente et ainsi de continuer de construire notre langue.




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07/10/2009 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à j.  21/10/2009
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