Le
soir du 6 mai, la candidate socialiste se rend au siège de son
parti. Rien n'aurait dû filtrer de ce qu'elle allait y faire si une caméra plantée sur un toit de l'autre
côté de la rue n'avait réussi à filmer à
travers une fenêtre la candidate dans un rôle
objectivement non public.
Ce
sont des images volées qui s'effacent
difficilement de la mémoire. On la découvre
assise dans un fauteuil sous une apparence fort différente de
celle captée lors de grands rassemblements où elle
haranguait avec passion des
foules de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Avec passion et liberté et bonheur, semblait-il
Elle
qui n'a jamais parlé de défaite est là comme sur
la défensive, dans ce bureau local, assise bas dans un
fauteuil situé devant un bureau meuble, c'est ce qu'on peut
imaginer.
Toujours
je me suis demandé si cela était fait exprès que
ces fauteuils soient bas, de sorte de devoir être en situation
inférieure par rapport à la
personne assise à son bureau, souvent un chef en effet, se
tenant droit et haut en regard de sa fonction.
Car
il y a quelqu'un assis en face d'elle, devant son bureau à
lui. On peut le deviner aisément, elle est dans le bureau du
premier secrétaire du parti qui se trouve être son mari.
Parfois, dans l'échange, elle s'avance vers lui, on peut le supposer, et ses mains sont un moment occultées
par les rideaux de tulle...
La
discussion semble vive, non pas spécialement une dispute
mais plutôt une discussion d'importance. La candidate répond
avec des gestes de main qui expriment de la volonté. Les
journalistes ont écrit qu'elle affirmait sa détermination à continuer, en tout
cas à ne pas s'arrêter comme ça.
Ensuite
on remarque qu'elle développe un tic de mains, les doigts se
touchent et opèrent des frottements nerveux répétés
à l'identique. Les ongles se heurtent, peut-être même
opèrent une sorte de curage. C'est un tic répandu plus
ou moins, comme il peut être plus ou moins agaçant. Il
n'est pas exclusif des femmes mais sans doute l'est-il davantage que des
hommes.
Ces
tics des mains révèlent de l'angoisse, assurément de la tension, ou encore le fait
d'être sous le pouvoir de, ou même illustre l'habitude
d'être sous le pouvoir de...
La
personne devant le bureau est un homme, qui plus est son mari, il peut
être un homme non macho, l'est sans doute, voire féministe,
il est quand même un homme d'habitude de pouvoir, il renvoie
cette image du pouvoir...
Je
préfère la candidat victorieuse, bien qu'elle ait
perdu les élections et que peut-être elle les a perdues
lors du duel télévisé où pour affirmer
sa personne elle a cru devoir s'approprier des comportements
masculins de bagarreuse...
Je
préfère la femme gagnante de la bravitude à
celle rabaissée par un pouvoir de mémoire ancestrale, même si l'homme
en face ne le souhaitait pas...
Elle est en l'occurrence dans une posture de
bravoure commune à l'homme macho autant qu'à la femme renvoyant le
comportement qui y correspond.