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   Ecrivain peu connu, éditeur influent

      par Victor Cherre et Jean Pierre Ceton


Richard Millet est un écrivain peu connu du grand public selon Culture Box, malgré plus de 40 livres publiés, il est surtout un éditeur influent de et dans la maison Gallimard.
Influent, ce qui veut dire qu'il fait barrage à tout ce qui peut être un peu novateur autant dans la langue que dans le propos.
Revendiquant l'héritage de Bossuet, il est sans doute pour cette raison considéré comme quelqu'un qui écrit bien, en bon français dirait un juré du Goncourt, ce qui toutefois ne suffit pas à faire de la littérature.
En réalité, c'est un néoclassique produisant une langue et des écrits néoclassiques qui se nourrissent de la langue et des écrits du 19e ou du début du 20e siècle. Sa langue n'est donc pas une langue contemporaine, d’ailleurs cet homme fait partie des gens qui pensent que la langue d'aujourd'hui s'appauvrit (elle s'appauvrit en effet de termes et formes du passé mais s'enrichit en plus grand nombre de ceux du présent).
Le plus grave, et en fait ça va souvent avec l'attachement à une langue pure, c'est qu'il développe des propos racistes, voir ses déclarations sur l'homme blanc seul au métro Châtelet ou son intérêt pour les écrits numériques du tueur norvégien jusqu'à en faire l'éloge littéraire.
Tout ça ne serait toutefois pas si grave, étant donné son peu d'influence sur la scène intellectuelle (sauf aux éditions Gallimard qui finiront par péricliter quand elles ne vivront plus sur leur fonds, faute d'avoir publié des auteurs novateurs).
Ce qui est surtout grave, c'est que Richard Millet semble se croire dans l'urgence de publier encore un livre pour dénoncer la paupérisation de la langue quand par ailleurs des universitaires attribuent le mauvais classement des universités françaises (dit de Shangaï) à l'utilisation pour leurs publications d'une « langue morte » : le français.
Si tel est le cas, c'est de libération dont a besoin cette langue, pas de conservation, pour qu'elle vive et participe de l'invention du temps, qu'elle intègre facilement les néologismes ainsi que formes et orthographes nouvelles, et bien sûr qu'elle exprime des concepts nouveaux, quitte pour cela à tordre les bonnes règles classiques.


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24/8/2012 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à j. 28/8/2012
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