lettre au lecteur                             

texte 21

L'erreur de la vision stable

par Jean Pierre Ceton et Pauline Dezert


La vision stable est sans doute la grande erreur qui menace tout raisonnement et jugement sur notre temps présent. Et ceci est vrai en amont comme en aval.  
Ainsi une observation effectuée à un moment
de l'histoire n'implique pas que les choses aient été constantes auparavant. Une peuplade étudiée par des ethnologues en 1910 n'avait pas forcément les mêmes rites des siècles plus tôt. Ni depuis les débuts de tous les débuts...
Il y a des contrées ou l'on découvre des villages encore intacts, entend-on, comme si ils avaient toujours été dans le même état! Étant entendu qu'en général ils ne sont plus du tout ce qu'ils étaient il y a un siècle, même si certains peuvent paraitre conservés tandis que d'autres sont désormais étouffés d'urbanisation.


Il est certain, peut-on lire, que l'on connaîtra une perturbation des régimes climatiques auxquels on s'est habitué.
Ce qui semble impliquer que le climat aurait été identique depuis 30, 50 ou 100 ans! Comme si celui des années 1950 était comparable à celui que nous connaissons depuis quelques années...
Multiples sont ces phrases comme celle-ci encore: "Il y a vingt ans, il ne pleuvait pas dans ces coins-là" qui ne peut pas signifier qu'il n'avait jamais plu auparavant...
"Il est de plus en plus difficile de trouver des places de crèche dans les villes de province"... là où il n'y en avait jamais eu cinquante ans plus tôt... "Conservons les prairies et protégeons-nous de l'artificialisation du paysage", sachant cependant que les prairies à un moment étaient artificielles bien qu'elles aient pris avec le temps l'aspect d'être naturelles...  

En aval, les projections que l'on peut faire dans des domaines peu quantifiables sont totalement incertaines trop basées sur une vision stable. Ainsi ce «Des conflits énormes se préparent» en titre d'une réflexion de Hubert Védrine, titre qui d'ailleurs ne reflète pas son contenu. Certainement que cette affirmation est vraisemblable si l'on projette des données présentes. Mais elle n'implique pas qu'elle le soit demain car on peut difficilement prendre en compte un certain nombre d'évolutions, celle du climat mais aussi celle par exemple du comportement des femmes dans le monde et de l'accroissement de leur rôle. 
Ainsi la prévision affirmée d'un niveau de population mondiale à 9 milliards d'humains en 2030 doit tenir compte des prévisions faites dans les années 1970 d'une population mondiale qui se serait élevée à 10 milliards en 2000...

Il y a toute chance pour ce qui sera demain ne sera pas ce qu'on croit aujourdhui. Tout comme ce qui était hier n'est pas etc...
Il n'y a jamais eu de monde stable non plus, ni
de climat constant, pas davantage un monde tout bien avec une nature "harmonieuse".
L
es hommes premiers (?) dont on dit qu'il vivait en harmonie avec la nature devaient lutter contre les forces de cette nature, appelées les "éléments" jusqu'au cours du XXe siècle, quand elles étaient déchainées, avaient appris par nécessité à s'en accomoder pour survivre...


10/10/2007 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à  j.  21/11/2007

A
nalogiques versus numeriques : hommage à Derrida
Des convictions et des hommes
Qu'est-il donc arrivé à B.S. comme à d'autres?
retour page principale
haut de page
écrire à  lettreaulecteur