Que
faire face à la baisse du niveau de l'orthographe
récemment
illustrée par une enquête concluant que le niveau des
élèves de 5éme de 2005 serait tombé
à
celui des CM2 de 1987?
Sûrement
pas en déduire que le niveau intellectuel général
a baissé. Car cette étude décrit sans surprise
une tendance croissante par exemple à ne pas doubler les
consonnes, à généraliser le s pour le pluriel ou
à ignorer les accents et les lettres qui ne se prononcent pas,
et même à utiliser des formes comme vous «disez»
au lieu de «vous dites» de fait grammaticalement
correctes...
Pourtant
selon certains, cette baisse du niveau de l'orthographe proviendrait
d'une perte de rigueur intellectuelle tout comme l'habillement des
collégiens ne serait plus aussi strict que les uniformes du
passé... On objectera que la rigueur intellectuelle est absolument
indispensable à la pratique des disciplines les plus
contemporaines et qu'elle est en outre impliquée par la complexification générale des
connaissances.
Une
autre "thèse" communément avancée est qu'on
n'enseignerait plus le français comme les instituteurs de la
IIIème république qui usaient du par-coeur et du
rabâchage, voire de la règle plate ou du tirage
d'oreilles. On peut certes réclamer davantage d'heures de
cours pour l'étude de la langue mais si l'on observe que le
niveau «s’affaiblit» aussi chez des gens de niveau
universitaire, c’est que les règles de l'orthographe dite
étymologique ne sont plus adaptées à notre
environnement intellectuel.
En
effet les logiques scientifiques, mathématiques, informatiques
- certaines ne s'apprenaient pas même il y a 20 ans -
s'opposent à bon nombre de règles de l'orthographe dont
la «logique» est faible, voire carrément nulle.
Considérons
un instant l'impératif présent à la deuxième
personne du singulier qui doit s'écrire avec un s ou pas:
prends ton livre de musique, chante la première ligne... Pire:
pense à tes devoirs, penses-y!
Visualisons
un instant des mots comme bijoux et voyous, honneur et honorifique,
connecter et connexion - ou même le corps et le temps au
singulier - qui paraissent normaux aux champions de
l'orthographe alors qu'ils sont aberrants pour les enfants éveillés
d'aujourd'hui.
Il
n'est pas question pour autant de retenir comme modèle
l'écriture rapide les sms et autres textos, il s'agit au
contraire de pousser à refonder une orthographe à travers des règles
plus logiques, pour corriger nombre d'erreurs d'usage et, surtout, des
règles plus générales pour sortir d'une culture de l'exception à la règle.
Mais
cela impliquerait une petite révolution bien que la grande
majorité des spécialistes et beaucoup d'enseignants y
soient favorables.