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TITANIC, hélas

      par Jean Pierre Ceton


A propos de « TITANIC, hélas » de Yves-Noël Genod (Péniche POP Paris 19e)


Il fait un spectacle de rien, prêt tout de suite. En général après une et trois avant-premières et quelques répétitions, parfois même sans répétition. Il a besoin de peu en décor, en son et lumière, il n’a besoin que de champagne qu’il a l’habitude d’offrir en bienvenue aux spectateurs.

Il est déjà là lorsque le spectacle commence sans qu’on sache s’il va commencer, puisque ce serait le dernier (« Plus assez de commandes, pas assez de public pour continuer »). Ou s’il a déjà commencé, sans qu’on s’en soit rendu compte…

Après le départ d’un chanteur qui chante et d’une chanteuse qui mime son chant, survient une musique très forte pour nous extraire de nos petites obsessions du jour.

Lui s’est assis avec les spectateurs installé tout autour de la cale d’une péniche comme des migrants dans un paquebot militaire reconditionné.

Sa voix enchaine les mots, car « ce dont le silence a besoin, dit-il, c’est que je continue de parler », même si le rire de quelques personnes couvre les fins de phrase que par conséquent on ne capte pas…

Ainsi qu’il l’avoue, « il a piqué des trucs à droite, à gauche » du texte contemporain, oui mais avec beaucoup d’humour, et très habilement car il les fait interagir …

Au travers de beaucoup de belles phrases (« Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce ! ») et alors qu’on est dans le noir, le silence ou bien que reprend une chansonnette, il nous parle du lien confronté entre artiste et société.

Il nous donne des nouvelles du monde à travers de multiples citations de personnages disparates. Et de nombreuses citations de Duras dont il semblerait qu’il en découvre régulièrement. Noter que cette dernière qui fait son chemin partout : « Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l’histoire du futur », cette dernière donc date de l’immédiat après explosion du réacteur numéro 4 de Tchernobyl en 1986.

Yves-Noël n’est pas un comédien au sens tout simple mais un acteur de la scène et de la vie. Il laisse passer une vision pessimiste autant qu’un optimisme lucide.

Juste un acteur qui résonne le bruit du monde. Et qui le fait avec classe, élégance et drôlerie.

Au retour du chanteur Aymen et de la chanteuse du silence, il va s’installer dans un hamac pour écouter leur ritournelle. Et dormir : « On croyait qu’on en avait fait le tour, au contraire, on plonge de plus en plus dans l’autofiction ».

JPC


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12/11/2022 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à j.  13 /11/2022
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