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texte 44

   Commémorer la catastrophe

      par Jean Pierre Ceton et Victor Cherre


Disons-le avant que commence la commémoration, toute commémoration en soi est lourde, voire pompier, quoique inévitable.

Outre qu'elle cherche à nous fait revivre un événement par définition impossible à revivre, elle nous conduit à visiter une époque passée d'une façon forcément anachronique.

Pour celle de la guerre 1914-1918, et de son déclenchement un début aout, on ne peut définitivement pas se contenter de rendre hommage aux soldats qui se sont sacrifiés pour la France.
Il faudrait d'abord commémorer combien a été inutile le combat de ces soldats, de part et d'autre.
Aller jusqu’à dire que leur combat, des Français, soi-disant pour la France, si c’était pour défendre la patrie, fut une escroquerie puisqu'elle s'est retrouvée ruinée, la France, principalement de ses hommes.

Il faudrait sûrement mettre en avant le caractère scandaleux de la décision d'envoyer des millions d'hommes s’entretuer. En conséquence fortement condamner cette erreur au mieux, erreur tragique, commise par les chefs politiques et militaires européens.

Et puis il faudrait mettre en valeur le fait que le prix de la vie humaine n'était pas le même qu'aujourd'hui.
De nos jours on ne destinerait pas tant de gens à la mort prévisible. De nos jours, on organiserait un référendum pour savoir ce que les Alsaciens Lorrains voudraient, ou bien on leur donnerait une plus grande autonomie, outre qu'ils auraient l'option de choisir l'Europe.

Bien sûr qu'en 1939 il fallait lutter contre le fascisme et y aller au combat. Mais sans cette première guerre idiote, car elle n'a pas de justification qui tienne, il n'y aurait peut-être pas eu de seconde guerre mondiale...

Dire que si cette guere n'avait pas de justification raisonnable, avec le recul elle en a encore moins:

"Incroyablement déclenchée à la légère par des nations dont certains chefs sont souverains issus de la même famille [...] Le plus révoltant est que cette guerre intervienne après une période de grande création intellectuelle et artistique[...] C'était sans compter avec le vieu fond de propension naturelle à la guerre, attisée par un chauvinisme primaire, nommé patriotisme, constamment légitimé par la question de l'honneur. A un point presque difficile à comprendre, aujourdhui dans ces années 2000." (Petit homme chéri p. 34, 35)

Si l'on tient à commémorer, ne pas oublier de commémorer la catastrophe qu'a été cette guerre, dite première mondiale et grande, pour la France et pour l'Europe, devenues du coup et par voie de conséquence des nations secondes, alors qu'elle étaient premières de classe.




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14/1/2014 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à j.  23/1/2014
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