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   La défense de la langue française

      par Jean Pierre Ceton

« La France s'est découvert une passion pour les anglicismes » lance justement Jacques Drillon ( L'Obs du 30-11-2014 ) dans une critique du livre de Alain Borer "De quel amour blessée".

- Entre autres raisons, selon moi, celle que le français ne crée plus de mots ni de concepts nouveaux . Alors, quand les Français en créent, ils les créent en anglais. Parce que l'anglais est libre de créer des mots, d’inventer des formes tandis que le français est corseté par des règles implacables dont beaucoup sont marquées par des valeurs idéologiques historiques, religieuses ou relevant de logiques antérieures (on ne peut pas écrire des prie-dieux car il n'y a qu'un seul dieu. Ni écrire un sèche-cheveu car on ne sèche pas un seul cheveu !). Et parce que contrairement au français, l'anglais s'ouvre résolument aux logiques contemporaines.

« On n'apprend plus à écrire en cursive, à l'école, mais en attaché »

- L’écriture script ou attachée est la seule écriture visible partout dès qu'on ouvre les yeux autour de soi, tandis que l’écriture cursive ne se voit plus nulle part

« Méthodiquement, nous appauvrissons notre vocabulaire »

- Il se trouve cependant que les dictionnaires ont pour le moins doublé de volume en quelques décades, par exemple celui de l’académie française

« Nous protégeons notre patrimoine, mais celui qui s'avise de défendre le français passe pour un barbon »

- La scène intellectuelle passe son temp à le défendre, décrétant ce qui peut se dire et s'écrire pour que rien n'en change, maintenant le refus du néologisme, au lieu d'encourager la création de mots et de formes. Or défendre la langue aujourdhui,  c'est favoriser sa créativité, c'est certainement l'ouvrir aux pratiques contemporaines.
Toute l’intelligentsia ou presque est opposée aux rectifications de l'orthographe de 1990 dont d’ailleurs il n'est pas fait état dans cet article (rectifications figurant en option dans le dictionnaire de l'académie française et acceptées aux examens au Québec). De plus, beaucoup sont contre la féminisation des noms de fonction. L'opinion publique est également farouchement opposée à toute modification de l'orthographe, elle est aussi pour le maintien en l'état de la langue, telle qu'elle la croit avoir existé depuis toujours.

« La féminisation des noms de titres et fonctions, c'est pour mieux oublier qu'il existait en français une classe de mots dits "épicènes" (des deux genres). »

- Généraliser la féminisation, par le e féminin, c'est à l'image du droit de vote, reconnaitre que les femmes ont les mêmes droits que les hommes. On notera qu'en conclusion il traite Geneviève Fraisse "d'impayable féministe" (parce qu’elle a inventé le mot "sans-papières"), ce qui n'est pas franchement une marque de respect à l'égard des femmes!

« Méthodiquement, nous raccourcissons les mots de plus de deux syllabes à coups d'apocopes à l'exemple de ordi »

- Prêt à parier que l'auteur de cet article dit bien "auto " et pas "automobile", à moins qu'il se serve toujours d'une hippomobile !



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3/12/2014 / tous droits réservés / texte reproductible sur demande / m. à j.  4/12/2014
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